Départ de Grenoble en TGV pour aller passer la nuit dans un hôtel à proximité de l’aéroport Charles De Gaulle. Le lendemain de bonne humeur nous nous dirigeons vers l’enregistrement. Laura empoigne les 70 kg de valise qui nous suivent sans sourciller, solide la pote (une sorte de sherpa local). Décollage pour Kuala Lumpur en Malaisie, trois heures d’escale puis deuxième avion qui nous dépose à Bali, un coup de taxi et nous voilà arrivés à l’hôtel. On nous conduit à notre chambre en nous expliquant que c’est au premier étage sans ascenseur (j’avais bien sûr envoyé plusieurs mails et appelé avant). Après quelques explications on nous trouve une chambre au rez-de-chaussée mais perchée en haut de trois marches. On essaie de garder notre calme avant que le jardinier arrive avec des vieilles planches et des cales en bois pour nous construire une petite rampe artisanale avec 30% de pente. Le top étant donné que je suis gaulé comme un cable de frein à main.

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Ça ira pour ce soir. Ils nous trouverons un bungalow mieux adapté quelques jours après en réutilisant tout de même cette rampe.

Le lendemain nous partons à la découverte de cette magnifique île, entre plages paradisiaques et temple hindou.

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A chaque coin de rue, le dépaysement est total.

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J’ai mis la « free wheel » pour passer partout, une troisième roue qui s’accroche sur l’avant du fauteuil pour surélever les petite roues de devant. Elle sera d’une grande aide pour les rues pavées, les plages et circuler dans les temples.

Les jours suivants nous louons une voiture avec un chauffeur, c’est lui qui me montera et me descendra du van cinq à six fois par jour. Il aidera à me porter sur les nombreuses marches des temples. Un homme d’une cinquantaine d’années, ne mesurant pas plus de 1m60, et le tout avec le sourire, ça force le respect. Partout où nous sommes allés il y avait toujours une personne pour nous donner un coup de main. Il est vrai que rien n’est adapté à part les centres commerciaux , mais les gens sont d’une grande gentillesse et très serviable.

Nous avons beaucoup baladé à l’intérieur des terres et vu de magnifiques temples, certains au bord d’un lac,

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d’autres très en hauteur avec des marches qui n’en finissent plus,

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quelques volcans,

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des rizières

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et des galeries d’art un peu partout dans les rues.
Sur place il y a beaucoup d’Australien avec qui nous avons fait quelques soirées et qui m’ont aidés à me mettre dans la piscine avec quelques « frites » pour que je flotte.

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Nous avons fêté l’anniversaire à Laura avec eux, ils nous ont emmenés dans le centre de Kuta dans un petit bar typique. Le serveur est arrivé 10 minutes après notre commande avec un généreux phallus taillé dans une pastèque et planté sur le bord du verre en disant : « happy birthday Laura » ! Gros fou rire, il paraît que c’est une spécialité locale.

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La dernière semaine nous sommes allés rejoindre un ami moniteur de plongée à Gili Air, une petite île au Nord/Est de Bali, à 2h de bateau.
Nous prenons un taxi en partant de l’hôtel pour nous emmener à 3h de route au port d’embarquement pour le bateau. À 1 km de l’arrivée, coincé dans les bouchons, le chauffeur nous dit qu’il ne peut pas aller plus loin et qu’il faut qu’on se débrouille pour continuer sur une route défoncée en pente. Laura pète un câble bien justifié, et nous finissons garé devant le guichet pour l’embarquement (merci Laura). Les billets en main, direction le ponton. On se retrouve 3 m au- dessus du bateau en mouvement sur des planches mal agencées où mes roues se coincent en se demandant même comment les valides peuvent monter sur le bateau. Deuxième pétage de câble pour Laura, elle rameute deux français, une dizaine de personnes de l’équipage et je me retrouve une minute plus tard porté par toutes ces mains au-dessus des quatre moteurs en marche pour descendre sur une première navette et me porter jusqu’à une autre amarrée à côté (merci Laura 2ème). Sous l’émotion de cette première action un peu acrobatique, nous prenons la mer.

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Deux heures plus tard nous voyons l’île et son ponton, nous apprendrons plus tard que personne ne s’amarre dessus. Le bateau arrive droit sur la plage et l’équipage met en place une sorte d’escabeau pour descendre par devant, moi je suis au fond derrière et il m’est impossible de me faire porter. Les deux Français, volontaires, me propose de me jeter à l’eau et de me tirer jusqu’à la plage. Je ne suis pas très enthousiaste. Je vois une petite trappe à l’avant du bateau qui mène à la soute à bagages. Je leur demande si on peut passer par là, on tente le coup, il me passe allongé par cette trappe et je me retrouve au milieu des bagages avec un lanterneau au-dessus de ma tête pas plus large que mes épaules. Deux personnes en haut, deux personnes en bas et me voilà aspirer pour me retrouver assis sur la poupe du bateau. L’affaire n’est pas finie, il faut encore descendre jusqu’à la plage, une foule de gens attendent pour embarquer en regardant la scène.

Plusieurs personnes comprennent la situation et viennent aider à former une chaîne humaine pour me porter jusqu’à la plage; Une jolie scène de solidarité.
Nous nous dirigeons jusqu’au bungalow avec l’aide de nos nouveaux amis, mon pote Tristan m’attend avec un grand sourire, il a réservé une chambre tout accessible au bord de la mer, c’est le bonheur.

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Le soir, une petite fête s’organise, je retrouve des gens qui ont assisté au débarquement, impressionné que je sois ici, ils m’offrent quelques rhums et je me fais embarquer toute la nuit sur un fond de musique électro en bord de plage. Le soleil se lève et j’échange quelques tendresses avec une personne rencontrée dans la soirée, assis sur moi elle m’enlace et on tombe à la renverse. Je me retrouve allongé dans le sable et elle me demande si je suis bien, je lui fais comprendre que je serai mieux sur ma charrette. Elle part chercher du monde et revient avec un australien bâti comme une armoire qui me soulève jusqu’à ce que mes pieds ne touchent plus le sol et me pose nonchalamment en travers du fauteuil. Au passage je laisse un bout de fesses dans ce transfert chaotique.
On retourne au bungalow avec Tristan en contemplant le lever de soleil. Magnifique!
Le lendemain en faisant l’état des lieux de la soirée, Laura m’explique que j’ai un hématome sur la fesse. Il va me suivre pendant deux ans et finir par une opération, cette période d’alitement me donnera le temps de monter mon projet.

Quelques jours plus tard, après quelques balades et restos,

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Laura part demander à quelques locaux un coup de main pour anticiper la montée dans le bateau du retour. Arrivé sur la plage, huit personnes m’attendent pour m’embarquer. Je me retrouve en l’air au-dessus de l’eau et en regardant à deux fois, une des personnes qui me porte est amputée d’un bras, je reste bouche bée. Ils arrivent à me passer par une petite porte à l’avant, et je me place à côté du capitaine qui me dit que la mer est agitée aujourd’hui. Une fois en mer, je comprends. On se prend des grandes secousses et les freins du fauteuil ne tiennent pas, un rodéo de deux heures duquel on ressort démantibulé. Laura essaye de me tenir assise sur les marches derrière moi avec les fesses en compote et moi avec un mal de bras à essayer de m’accrocher où je pouvais.

Le bateau arrive au port, le même folklore se met en place et ont réussi à me sortir avec une certaine maîtrise. Pour le prochain qui viendra en fauteuil, ils sauront faire maintenant.
Le retour en taxi se passe avec des gens très sympathiques qui ont beaucoup rigolé quand on leur a raconté nos aventures. Arrivé à l’hôtel, je me faxe dans mon lit, pour ouvrir les yeux 12 heures plus tard.

Le lendemain on se permet d’aller remonter les bretelles à la personne qui nous a réservé le bateau soi-disant accessible, il nous pleure dans les bras en nous disant qu’il a une famille à nourrir, la conversation s’arrête là et me donne à réfléchir.

Le départ se rapproche et non sans un pincement au cœur nous quittons cette île aux 1000 richesses avec ses plages idylliques, ses volcans, son peuple accueillant, ses rizières, sa richesse artistique et culturelle, ses temples et ses mets riches en saveur.

Je vous recommande chaleureusement cette destination en faisant attention à votre consommation d’eau et vos déchets qui sont les deux problématiques de son développement pour continuer à profiter de ce joyau.

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